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Le couple

Quelques mots…
Aimer : C’est ouvrir un espace pour l’autre tout en gardant un espace pour soi. Ouvrir un espace pour l’autre, c’est apprendre à se respecter et à respecter l’autre.

Aimer l’autre : C’est se reconnaître soi-même dans ses propres valeurs et l’offrir à l’autre dans un bouquet d’estime, c’est permettre à l’autre de grandir sans lui faire d’ombre. C’est lui offrir un espace infini où il puisse apprendre à s’aimer lui.

Aimer : C’est devenir conscient de ses propres besoins, de ses manques, de sa vulnérabilité, de ses limites qui nous enferment dans un cadre trop étroit pour accueillir les réalités de l’être aimé, pour s’aimer soi et aimer l’autre.

Aimer : C’est maintenir cette intention pure de comprendre l’autre  et de le prendre tel qu’il est, avec toute son histoire, ses difficultés, ses aspirations.

Aimer : C’est comprendre, c’est accorder une écoute toute particulière, vibrante de présence et de bienveillance.

Aimer : C’est offrir  espace et temps avec un regard profond, dénué de jugement, d’évaluation et pleinement ouvert à ce qui est. 

Aimer : C’est regarder dans la même direction avec cette complicité de l’intime, c’est partager le même espace au même moment avec une immense tendresse.

Aimer : C’est rendre grâce du simple fait d’être vivant et que l’être aimé soit vivant, vivre ensemble, former un couple, c’est défier aussi l’espace de la durée, c’est s’engager non pas pour le meilleur et le pire, mais pour relever le défi des blessures anciennes, des situations inachevées, des incompréhensions, des désaccords. C’est aussi prendre le risque de décevoir ou frustrer l’être aimé, c’est s’engager à s’agrandir l’un l’autre tout en accueillant les différences et les contradictions.

Aimer : C’est relever le défi de la routine, et faire que chaque matin soit vivant, et que chaque soir soit plus riche l’un de l’autre, défier la routine, c’est cultiver le désir, la fantaisie, l’enthousiasme, la créativité, les rêves insensés. c’est faire comme si c’était toujours la première fois ou la dernière fois, et faire de chaque instant un moment unique qui dure une éternité !

Aimer : C’est prendre des risques, celui de danser la vie, loin de l’ennui de la perfection.

Aimer : C’est être ici et maintenant !  

La mise en place de la relation.

Au commencement était le vide. Comme un manque, une béance que quelque chose devait remplir. Quelque chose ou quelqu’un. La relation se met en place selon deux sortes de modalités :

De manière directe : La relation de dépendance se voit au grand jour. On remarque vite la personne maltraitée ne pouvant se passer de son bourreau, la personne faible qui s’accroche à une branche, qu’elle semble ne plus pouvoir lâcher sous peine de tomber dans un précipice, la personne dépressive, alcoolique, désocialisée pour qui il faut tout faire“, ou encore cet ado en mal de grandir qui semble être mentalement et surtout affectivement très loin de son âge biologique.

Ceux-là affichent leur dépendance au grand jour, même si parfois il leur arrive de frimer et de prétendre l’inverse, ils ne trompent personne. Là, l’individu a en général une forte carence affective doublée d’une estime de soi dégradée. Il ne pense pas mériter d’être aimé, et le fait que quelqu’un daigne prendre en charge quelqu’un d’aussi médiocre rend très vite ce “quelqu’un“, merveilleux et indispensable.

Il est en effet persuadé que c’est un miracle qui ne se reproduira pas. Ces gens-là ont une fâcheuse tendance à se lier à ces sauveurs tout aussi dépendants qu’eux, mais qui leur prouveront qu’ils ne sont rien sans eux, aggravant malheureusement de manière parfois dramatique, cette pathologie de la non prise en charge d’eux même.

Là le point commun avec la toxicomanie (et le comportement du très petit enfant) est manifeste : tout est attendu de l’extérieur.

De manière indirecte : Qui sont ceux qui prennent ces dépendants en charge ? Ces Mères Courage, ces Sauveuses, ces Héroïnes ou ces Pygmalions semblant portés par une compassion, un dévouement et une indulgence à toute épreuve. Ceux et celles qui pardonnent tout, toujours prêts à intervenir pour prévenir, protéger, atténuer, choyer, recueillir.

Les personnages forts des couples, du moins c’est ce qu’on a tendance à croire. A y regarder de plus près, on s’aperçoit toutefois que ces personnes semblent avoir la fâcheuse manie de s’entourer de personnes faibles, immatures ou perturbées, auxquelles elles viennent compulsivement en aide. Une aide pas forcément discrète d’ailleurs, une aide parfois faite pour être remarquée.

Il est difficile parfois de ne pas être dupe du masque de victime altruiste souvent adopté par ces personnes, mais qui révèle essentiellement le besoin de pouvoir et de contrôle sur l’autre.

Sauver pour enchaîner, et surtout pour se soigner soi-même au travers de l’autre, sans avoir à faire face à ses propres problèmes. Effectivement ces personnes manifestent une impossibilité de contact avec leurs émotions, qui les détourne d’eux pour leur faire projeter sur l’autre, leur demande fondamentale.

Donner à l’autre est donc une manière détournée de se donner à soi et sauver l’autre n’est que se sauver soi-même par procuration. Ceci mènera vers la recherche de personnes en situation de détresse, de personnes dépendantes, affaiblies, vulnérables, dépressives, bref de tout type de personnes susceptibles d’avoir besoin d’aide.

Se soigner soi-même à travers l’autre certes, mais la dépendance à l’autre pour combler sa propre carence affective se révèle aussi. Quand on ne peut supporter de perdre l’autre, prendre le pouvoir (en se rendant indispensable par exemple“), n’est-il pas le plus sûr moyen pour l’enchainer ?

Persuader l’autre qu’il n’est rien sans nous, qu’on lui est indispensable, créer une dette parce qu’on a tant fait pour lui, n’est-ce pas le meilleur moyen de l’empêcher de nous quitter, au risque d’aller mieux sans nous ! Car bien sûr,  sous couvert de tant de bonnes intentions, le résultat n’en reste pas moins qu’on maintient l’autre dans la dépendance et le sentiment qu’il ne vaut rien. En fait, on aggrave son cas !

Il n’est pas rare d’ailleurs de voir ce type de personne changer totalement d’attitude quand le dépendant se soigne ou prend enfin ses responsabilités, bref va mieux d’une manière ou d’une autre.

Des phénomènes de rejet ne sont alors pas rares. Phénomène également observable quand l’éternelle amoureuse dans l’ombre d’un homme non disponible le verra enfin libéré, chose qui semblait être son unique souhait et qui a souvent pour effet une perte complète d’intérêt pour le grand amour d’hier !

Mais si l’homme en question fait mine de s’éloigner à nouveau,  il y a fort à parier qu’il risque de redevenir tout à coup beaucoup plus intéressant !

Sur cette même base de réaction à la dépendancese trouve un cas beaucoup plus grave, celui du pervers narcissique“. Si le besoin de l’autre reste la motivation de la conduite, le “se rendre indispensable pour ne pas perdre” devient détruire pour ne pas perdre“. 

Pourquoi ? : Parce que quel que soit la forme prise par la dépendance, on retrouve toujours l’incapacité de vivre une véritable relation, une relation d’intimité et de proximité, faute de maturité affective suffisante. Alors les difficultés, les impossibilités mettent une distance sécurisante, si cette distance n’existe plus, il faudra la créer en s’éloignant pour se protéger.

Aimer sans retour, ou aimer quelqu’un qui n’est pas disponible permet de jouer à aimersans s’engager, sans prendre le risque d’une relation proche et quotidienne. Quand le trop loin fait souffrir, le trop près fait peur, c’est bien connu ! 

Comment la dépendance vient aux enfants ? : Rien n’est plus vital pour un enfant que le besoin d’être aimé, mais surtout le besoin d’être aimé pour ce qu’il est, signe à la fois qu’il est reconnu et digne d’être aimé, y compris s’il n’est pas parfait ou conforme au modèle ou aux yeux de ses parents.

Le problème majeur qui en découle c’est que le sentiment de sécurité se construit sur la base de cet amour juste, tout comme l’estime de soi. S’il n’obtient pas la satisfaction de ce besoin vital en temps utile,  toute sa vie ne sera que la quête de ce dû,  qu’elle prenne un ton quémandeur, agressif, manipulateur..

Et la relation de couple (et par extension toutes les relations affectives ultérieures), sera le calque de ces premières relations. La dépendance est d’autant plus forte que le besoin se centrera sur une personne unique.

Ainsi beaucoup de femmes battues sont nées dans un milieu violent, et l’inceste est la meilleure voie d’accès à la prostitution. Bien sûr et heureusement des exceptions confirment la règle, mais nul n’en sort indemne.

Et l’enfant qui a vécu des conditions douloureuses ne semble pas pouvoir abandonner la lutte, ne pas pouvoir renoncer à son besoin de se faire aimer à tout prix, mais pas par n’importe qui.

Il s’agit de rejouer la scène initiale, mais cette fois d’en sortir vainqueur. D’où cette recherche de personnes susceptibles de leur faire revivre leur problématique au détriment d’individus plus sains qui eux, seraient tout prêts à les aimer pour ce qu’ils sont. Question de programmation…

Parmi ces mal aimés“, on ne trouve pas que les enfants de parents indignes ou des enfants maltraités ou abandonnés. C’est là ou le mot mal aimé prend toute sa signification.

On peut donner beaucoup d’amour en apparence, mais un amour de très mauvaise qualité. Aimer c’est aimer l’enfant (et l’autre par extension), pour ce qu’il est,  pas ce qu’on aimerait qu’il soit, ni ce qui nous arrange. C’est aussi savoir laisser grandir et savoir laisser partir…

Parmi ces mal et beaucoup aimés“, on trouve l’enfant nié“: C’est celui dont les perceptions sensations et sentiments ont été ignorées au profit d’une image, d’un déni familial ou du narcissisme d’un parent.

L’exemple classique est celui de l’enfant, dont la colère contre son frère (sa sœur), est totalement niée, à qui on intime l’ordre d’aimer et d’embrasser le ou la rivale au moment où il est le plus furieux contre lui.

C’est l’enfant qui assiste à une scène conjugale violente, et à qui on affirme qu’il ne se passe rien du tout.

C’est l’enfant qui vit dans une de ces familles toxiques construites sur le déni des conflits où tout est hypocritement aplani en surface quand l’ambiance est à couper au couteau“.

C’est l’enfant à qui la mère nie toute opinion, toute personnalité pour y substituer son ressenti propre. L’enfant est alors obligé de nier complètement ce qu’il ressent pour rester cohérent.

Dans le meilleur des cas, il gardera éternellement un doute sur la validité de ce qu’il ressent, ce qui le rendra particulièrement vulnérable aux relations toxiques, car il aura toujours tendance à se mettre lui en cause au lieu de l’autre, et de plus, il est tellement habitué à cette forme de maltraitance morale et d’emprise de l’autre sur son psychisme qu’elle lui paraît presque normale.

Il se met souvent lui-même en position d’attendre de l’autre qu’il lui dise ce qu’il doit penser, ressentir et faire. Un tel enfant devenu adulte va chercher des personnes qui vont continuer à le nier, à ne pas tenir compte de lui, à ne pas l’aimer, ainsi il va pouvoir continuer sa lutte et entretenir l’espoir illusoire de pouvoir un jour réussir à conquérir cet amour.

Les moyens utilisés pour cette conquête sont eux aussi entièrement calqués sur le schéma familial.

Ceux à qui on a promis de les aimers’ils étaient sages, s’ils faisaient plaisir à maman, auront tendance à être corvéables à merci, toujours à l’affût de l’attente de l’autre pour s’y conformer.

Espérant ainsi obtenir en retour amour et reconnaissance qu’ils n’obtiennent en général jamais car ils choisissent pour “leur donner la réplique“, des individus trop égocentriques ou infirmes affectifs dont ils n’ont rien à attendre.

Les personnes réellement disposées à les aimer ne les intéressent pas : N’oublions pas que la peur d’un trop grand rapproché est omniprésente, les individus distants ou incapables d’aimer sont donc (outre le fait qu’ils leurs permettent de revivre leur histoire avec des parents indifférents) sécurisants.

Une même servilité à l’autre peut provenir de l’angoisse d’abandon : Tout sauf être abandonné, tout supporter sauf la séparation ! N’oublions pas que nous avons affaire à des sportifs de haut niveau entraînés très jeunes à supporter l’insupportable.

La faible estime de soi héritée du fait de ne pas avoir réussi à se faire aimer pour ce qu’on est,  laisse l’intime conviction qu’on ne mérite pas cet amour. La certitude que l’amour doit se mériter conforte le système.

Ceux qui ont été très tôt tenus pour responsables du bien-être de leurs parents sont dans un piège peut-être encore pire, car il est extrêmement flatteur et valorisant pour un enfant d’être promu au rang d’adulte responsable (même si c’est tout aussi culpabilisant en raison des fantasmes œdipiens).

Ceux-là tout aussi dépendants se feront plus forts qu’ils ne sont et prendront les autres en charge.

Les enfants ayant trop rêvé continuent souvent à l’âge adulte et telle petite fille ayant trop attendu le Prince Charmant tendra à fantasmer une relation idéale plutôt que de regarder les choses en face avec réalisme.

En bref toutes ces habitudes prises très jeunes vont se retrouver dans les rapports de couple de ce type. La demande allant jusqu’à la mendicité et la prostitution affective, la séduction, la manipulation, la révolte ou le déni sont autant de techniques qui n’ont pour but que de chercher à contrôler l’autre trop dangereux pour notre monde affectif, en raison des émotions qu’il a le pouvoir de déclencher en nous.

Conclusion : Faire le tour de tout ce qui peut être une entrave à l’épanouissement de l’être humain est un défi que nul ne peut relever.

Il ne faut jamais perdre de vue que seul, on ne peut pas grand-chose si le problème est bien enraciné. Mais ça je pense que vous l’aviez compris.

Les étapes de la vie amoureuse.

Toute relation amoureuse évolue selon des étapes : La passion, la lutte pour le pouvoir, le partage du pouvoir, l’engagement et l’ouverture sur autrui.

La passion : Pendant la séduction qui culmine dans la phase de la passion, première étape de la relation amoureuse, vous n’êtes pas encore certain que la relation est bien établie. Hommes et femmes se montrent alors sous leur plus beau jour afin de séduire et de conquérir l’autre. C’est pendant cette phase que les hommes sont les plus communicatifs et les plus attentifs: ils soignent leur image et sont intéressés par tout ce que vous dites, ils n’ont d’yeux que pour vous et vous complimentent sans cesse. C’est pendant cette phase que la femme regarde et écoute l’homme avec la plus grande admiration : Elle ne vous critique jamais et est prête à vous suivre dans tous vos projets.

En même temps, vous auréolez la personne convoitée : C’est votre âme sœur, votre prince, votre princesse et l’amour que vous éprouvez l’un pour l’autre surmontera toutes les épreuves. Vous passez vos nuits à bavarder et à faire et refaire l’amour.

Vous ne pouvez plus vous passer l’un de l’autre : Vous êtes éperdument amoureux, peut-être même pour la véritable première fois de votre vie. C’est la phase que l’on voudrait faire durer toujours.

Les Biochimistes ont démontré que, pendant cette phase, le cerveau humain produisait une hormone. C’est cette hormone qui serait responsable des états euphoriques que l’on vit lorsqu’on est en amour. Cette hormone aurait les mêmes effets que la cocaïne. Si la personne désirée vous quitte lors de cette période, c’est le manque, la peine d’amour. Si vous êtes un drogué de cette hormone, c’est vous qui partirez lorsque vous sentirez que la passion diminue pour trouver ailleurs une nouvelle flamme qui restimulera la production de cette hormone. Vous irez de passion en passion, incapable de véritable engagement amoureux. Par contre, si vous acceptez la baisse de la passion, votre cerveau remplacera la production d’hormones par la production d’endorphines qui, elles, possèdent les mêmes propriétés que la morphine. Vous vivrez alors des jours de bonheur tranquille, vous pourrez dormir en paix, en silence, dans les bras l’un de l’autre. Vous n’aurez jamais été aussi bien, aussi en harmonie de toute votre vie. Votre couple vous comblera.

Hélas, la passion… passe ! En fait, pendant la phase de passion, vous n’étiez pas réellement amoureux de l’autre personne. Vous étiez amoureux des sensations que l’idée que vous vous faisiez de l’autre personne provoquait dans votre corps et votre tête. Vous avez ignoré tous ses petits défauts. Vous n’avez vu et entendu que ce qui faisait votre affaire. Vous avez mis de côté tout ce qui pouvait émousser votre passion. Et vous vous êtes mariés, vous avez commencé à cohabiter.

La lutte pour le pouvoir : Vous êtes toujours heureux, heureuse, mais l’intensité de votre bonheur s’est atténuée et vous revenez progressivement sur terre. Surprise, vous vous rendez compte que votre prince charmant se conduit parfois comme un crapaud, que votre princesse charmante sort de plus en plus régulièrement ses griffes et ses crocs. Vous prenez contact avec la personne réelle avec laquelle vous êtes en amour.

Vous entrez dans la deuxième phase de votre relation de couple : La lutte pour le pouvoir. L’anxiété et l’insécurité de la séduction et de la passion vous forçaient à vous montrer sous votre meilleur jour. La sécurité de votre bonheur et la certitude que l’autre vous aime vous permettent de vous laisser aller et de vous montrer sous votre vrai jour. Vous ne faites plus semblant, vous êtes vous-mêmes et vous commencez à dire et même à exiger ce que vous attendez de votre relation de couple. Vous l’aviez déjà dit, mais l’autre vous admirait et il ou elle n’a pas réellement entendu ce que vous disiez. S’il est vrai que l’amour est aveugle, il rend aussi sourd.

C’est alors que vous vous rendez compte que l’autre ne partage pas tout à fait vos points de vue sur les loisirs, l’argent, le choix de la maison, la répartition des tâches ménagères, le nombre et l’éducation des enfants, les ami(e)s, la fréquence des rapports sexuels, le type et l’endroit de vos vacances, le choix des films… En fait, la façon d’aimer et de s’investir dans le couple.

Vous vous rendez compte qu’il met l’accent sur sa carrière, alors que vous voudriez qu’il s’occupe davantage de la famille. Vous êtes méticuleuse, il laisse tout traîner. Vous adorez les argumentations serrées, elle met de l’émotion partout… Vous aimez les balades en forêt, il préfère les grands rassemblements de famille. Vous aimez écouter votre musique le matin, il n’aime pas vos goûts musicaux, Vous aimez retaper des meubles, il préfère acheter neuf, Ainsi de suite. … Cette lutte pour le pouvoir est inévitable et même nécessaire. C’est cette lutte qui permet de savoir à qui l’on a affaire et qui nous permet d’affirmer nos besoins et attentes face au couple. Cette lutte amène les deux partenaires à se situer l’un par rapport à l’autre. Malheureusement, la majorité des couples s’enlise dans cette lutte et s’engage dans des impasses.

– C’est toi qui as commencé !

– Non c’est toi !

– Si tu m’écoutais aussi quand je te parle.

– Si tu arrêtais de critiquer.

– Si tu ne remettais pas toujours tout à demain.

– Qu’est-ce que j’ai fait pour me retrouver avec toi ?

– On dirait que tu le fais exprès.

Je te l’avais bien dit.

– Tu veux toujours avoir raison.

– De toute façon, tu ne comprendras jamais rien.

Ces paroles vous sont familières ?  Ne vous en faites pas, vous êtes normaux. Nos deux amants intimes et passionnés deviennent, lors de cette phase, deux ennemis intimes. Tous les deux s’aiment et veulent continuer de s’aimer, mais les frictions sont de plus en plus nombreuses. Ces frictions sont dues aux différences existant entre les hommes et les femmes, elles sont aussi dues à nos attentes frustrées face à la vie de couple,  la coexistence du besoin de fusion passionnelle et du besoin d’autonomie.  À ce stade, se joue l’avenir du couple. Plus de la moitié des couples divorceront et beaucoup répèteront la même dynamique avec un nouveau partenaire. 30% des couples se résigneront, développeront une relation de couple déséquilibrée, se feront une guerre entrecoupée de périodes d’accalmies et rechercheront des compensations dans le travail, la famille ou ailleurs. À peine 20% des couples réussiront à transformer cette lutte inévitable pour le pouvoir en partage du pouvoir, troisième étape de la vie de couple.

Le partage du pouvoir : L’homme possède des facultés qui lui sont uniques et une façon bien à lui d’envisager la vie et le couple. La femme possède des facultés qui lui sont uniques et une façon bien à elle d’envisager la vie et le couple. La femme peut remplir des fonctions (grossesse, enfantement et allaitement, séduction, préoccupations relationnelles, réceptivité, capacité de relation symbiotique ,besoin d’indépendance), que l’homme ne peut remplir, ni même parfois comprendre. L’homme possède des capacités (force physique, créativité matérielle, esprit de compétition,  instinct de chasseur, besoin d’indépendance), que la femme ne peut égaler ni même parfois comprendre. On ne peut demander à l’homme de remplir les fonctions féminines et vice-versa, tout comme on ne peut demander à la nuit de remplir les fonctions du jour et vice-versa. On ne peut demander aux deux que de se compléter pour former un tout. La femme ne peut demander à l’homme de vibrer symbiotiquement avec elle comme elle peut le faire avec son fœtus. L’homme ne peut s’attendre à ce que sa femme “embarque” dans ses activités comme il peut le vivre avec ses amis ou associés. Ces deux attentes sont des illusions parmi tant d’autres.

Dans le partage du pouvoir, l’un et l’autre, après avoir pris connaissance des particularités individuelles de cet homme et de cette femme, acceptent d’utiliser ces particularités, différentes et parfois contradictoires, pour former leur couple. L’un et l’autre ne cherchent plus à transformer l’autre pour répondre à ses attentes propres, l’un et l’autre n’accusent plus l’autre d’être le responsable de la frustration de ses illusions adolescentes face au couple. Les deux prennent conscience qu’ils sont amants et ennemis intimes (il y aura toujours des différends même dans les couples les plus heureux), mais les deux mettent dorénavant l’accent sur l’intimité et l’apport personnel, quoique différent, de chacun dans ce couple unique. Les deux exploitent les qualités de l’autre au profit du couple (et de la famille). Les deux partagent le pouvoir qu’ils transfèrent maintenant au couple, comprenant que seul le couple, et non pas l’autre, peut satisfaire les besoins de chacun.

L’engagement : L’un des principaux indices démontrant que le couple a partagé le pouvoir et qu’il est prêt à entrer dans la quatrième phase de son évolution, c’est qu’il lui est devenu maintenant plus facile de redire Je t’aime“. Durant la lutte pour le pouvoir, Je t’aimeétait souvent étouffé par Je te déteste“. Durant cette phase, dire Je t’aime équivalait à donner plus de pouvoir à l’autre. Le Je t’aimede la troisième phase n’a plus du tout la même signification que le Je te mangerais de la passion fusionnelle. Il signifie plutôt je m’engage“.

Je connais maintenant tes défauts et tes qualités, tes forces et tes faiblesses, et je les accepte, même si des fois, tu n’es plus la belle princesse charmante à laquelle j’avais rêvé, tu n’es plus le prince charmant et fort de mes rêveries, ton corps a même subi l’épreuve du temps, mais je suis si bien avec toi. Je connais un peu mieux tes besoins et tes attentes face à Nous et je m’engage à tout faire pour les satisfaire. Nous savons très bien que je n’y parviendrai pas, mais je sais que tu vas apprécier mes efforts. Je ne veux plus te changer, je t’accepte tel ou telle que tu es. Tu n’es pas le partenaire idéal, j’aurais pu vivre avec quelqu’un d’autre, mais je suis content(e) du chemin que Nous avons parcouru et je veux continuer de vieillir avec ce Nous.

Le Je t’aime de la quatrième phase signifie en fait Je Nous aime“. Les deux amants sont devenus de réels complices. C’est à cette étape-ci que l’on devrait contracter mariage et non au moment de la passion aveuglante.

Ouverture sur autrui : Il est facile, au restaurant par exemple, de différencier les vieux couples qui s’aiment de ceux qui se sont fait la guerre et qui ne parviennent plus à communiquer. Les couples heureux se touchent, se regardent, se parlent, leurs yeux sont pétillants, ils sont animés,  Ils respirent l’harmonie et la paix et deviennent, pour nous, des exemples que la vie à deux est possible. C’est ce que j’appelle l’ouverture sur autrui, la dernière étape de l’évolution du couple.

D’ailleurs, ces couples, souvent à la retraite, s’impliquent socialement, font du travail bénévole ou sont tout simplement toujours prêts à partager leur bonheur avec leurs enfants, leurs petits-enfants, leur entourage immédiat et lointain. Ils font preuve d’une très grande réceptivité, ayant été, malgré les épreuves inévitables de la vie, comblés par celle-ci. Ils deviennent des modèles à imiter et sont souvent des modèles enviés. À l’inverse, il est facile aussi d’identifier, toujours au restaurant, les couples qui en sont encore à l’étape de la passion ou ceux qui n’ont jamais surmonté la lutte pour le pouvoir. Ces derniers échangent à peine quelques propos, l’homme lit souvent un journal ou jette des regards tout autour, la femme, tête baissée, regarde son mari par en-dessous, espérant qu’il s’intéresse à elle. La tension entre les deux est évidente tout comme, pour les jeunes couples, la passion est évidente parce que rien n’existe autour d’eux

Dans la réalité, ces étapes ne sont évidemment pas aussi tranchées, elles s’imbriquent et se superposent. Mais elles illustrent bien les grandes étapes à travers lesquelles évoluent tous les couples. Un couple peut être heureux et complémentaire ou en guerre et très malheureux.